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Poésie
Alba nova - éditions A fior'di carta juillet 2008
Parution juillet 2008
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Nouvelles et fragments
Recueil : Petites faiblesses humaines
Désir, ambigüité des sentiments, hypocrisie, cruauté...
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Premier prix du festival Escales hivernales de Lille
Fragments

Roman
Journal d'une insulaire : JDI
Le quotidien d’une jeune corse, dans une famille névrotique.....
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Le journal du roman

Chroniques
Hors de l'espace et du temps
Un lundi sur deux, pour sortir ensemble des sentiers battus...
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Scénario
La faille du Diable et compagnie
Écrire des scénarios est une autre façon d'écrire...
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Jeu 5 L'heure des choix - 95

Marie-Charlotte était rentrée, Marie-Charlotte n’avait pas parlé de Megève, Marie-Charlotte ramenait des stocks de sous-vêtements coquins et il n’avait pas posé de questions. La vie de Paul était à nouveau rythmée par les rendez-vous clandestins et les caresses furtives. La poitrine de Paul était toujours pleine d’une seule chose : Marie-Charlotte. Le cerveau de Paul tournait en mode monomaniaque exactement comme avant les vacances. Ou presque. Mais tout est dans le presque. Tout est toujours dans le presque. Une bête immonde, tapie dans l’ombre, attendait son heure. Et Paul sentait sur son échine la menace de son souffle glacé. Les jours passaient, et il n’oubliait rien. Les images de la nuit de la Saint-Sylvestre grossissaient dans sa tête comme une tumeur. Et rien n’avait suivi son cours normalement.

Dans les journaux, il n’avait rien lu qui puisse correspondre, de près ou de loin, à la scène qui le hantait désormais. Il finissait par douter même de sa réalité. Quand il était retourné au caboulot, la fois suivante, Amina n’était pas là. Quand il avait demandé après elle, le gros Dédé lui avait lancé un regard mauvais et grommelé qu’elle avait décidé de rentrer au pays. Paul avait payé les tournées et commandé un whisky. Il était tôt, le bar était vide. Les deux filles de l’est l’avaient entouré en souriant de la façon la plus suggestive. Il leur avait payé un verre. Mais il n’avait pas répondu à leurs avances. Il refusait de baiser les putes. C’était une question de principe. Amina, c’était pas pareil. Il n’avait jamais eu envie de baiser Amina. Elle avait réussi à éveiller chez lui quelque chose qui ressemblait à de la tendresse. Parce qu’elle était déracinée, misérable et seule. Et que lui, avec ses racines si profondes qu’il en était prisonnier, avec sa vie sociale qui ressemblait à une réussite, avec sa solitude inavouée et sa violence contenue, il se sentait proche d’elle. Et il n’arrivait pas à croire qu’Amina avait choisi de repartir au Sénégal. Malgré la tristesse qu’elle avait dans ses yeux, il savait qu’être renvoyée chez elle était sa plus grande crainte. Et que, sans papiers, elle se sentait à la merci du destin. Et de ses souteneurs. L’absence d’Amina avait résonné comme un croassement de corbeau. Comme un mauvais augure. Comme le signe que rien ne pouvait se poursuivre normalement. Que les choses allaient irrémédiablement changer. Et Paul avait peur. Peur d’ouvrir la boîte et de ne pas en sortir indemne. Il retourna encore quelques fois chez Dédé, mais il s’y sentait mal à l’aise. Pas à sa place. Ou pas le bienvenu. Il était conscient que c’était une création mentale, que c’était lié à la scène à laquelle il avait assisté, que ni Dédé, ni ses hommes de main, ni les filles, ni les autres clients n’avaient changé. Lui seul avait changé.

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