46.
Isis étalait les cartes devant elle. Madeleine l’écoutait d’une oreille distraite.
« Il y a un mec… Mais ça ne va pas du tout, il est blond ! »
Tu-sais-qui était plutôt noir corbeau, de cheveux, d’yeux, de vêtements… Comme si à chaque instant il était prêt à mener une opération commando. Heureusement, il était là lui aussi. Son roi de piques : « un homme plus âgé, protecteur, solide, qui pense à toi de loin… mais ce n’est pas une très bonne fréquentation ». Ces mots-là, Isis les avait prononcé plusieurs mois auparavant, lorsqu’elle lui avait tiré les cartes pour la première fois. Et Il n’y avait aucun doute possible. C’était LUI. Seulement, s’il pensait à elle, c’était toujours de loin. Il y avait aussi le valet de trèfle. Michel. Jamais d’homme de cœur dans le jeu de Madeleine. Les hommes, c’était de loin. Et là… Pour la première fois, le cavalier de cœur. Un messager, insaisissable, évanescent et doux…
« Tu vas rencontrer quelqu’un ma chérie ! Mais un blond… Iscia[1] ! »
Madeleine n’avait pas envie de rencontrer quelqu’un. Elle avait déjà fort à faire pour savoir si elle devait préférer Michel (bon parti, intelligent, travailleur, un peu trop bourgeois peut-être) ou qui-tu-sais (courageux, beau comme un Dieu, viril, un peu trop rebelle peut-être). Et par dessus le marché, l’un comme l’autre lui paraissaient inaccessibles.
Isis avait eu beau tenter de recouvrir la carte à plusieurs reprises, elle n’avait rien su dire de plus : « C’est bizarre, les cartes sont bien mystérieuses aujourd’hui. Elles refusent de parler. C’est comme si nous ne devions pas en savoir davantage pour le moment ».
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