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Poésie
Alba nova - éditions A fior'di carta juillet 2008
Parution juillet 2008
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Nouvelles et fragments
Recueil : Petites faiblesses humaines
Désir, ambigüité des sentiments, hypocrisie, cruauté...
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Premier prix du festival Escales hivernales de Lille
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Roman
Journal d'une insulaire : JDI
Le quotidien d’une jeune corse, dans une famille névrotique.....
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Hors de l'espace et du temps
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Scénario
La faille du Diable et compagnie
Écrire des scénarios est une autre façon d'écrire...
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Jeu 6 - Les secrets - 119

Le médecin regardait Isis par dessus ses lunettes et elle se sentait sondée jusqu’à l’âme. Elle se redressa instinctivement et le défia du regard.

- Je crois que vous êtes sa seule famille en Corse en dehors d’une mère grabataire ?

Ce n’était pas tout à fait vrai. Mais comment expliquer les deux grandes sœurs qui transpiraient la haine et crachait des serpents et des crapauds à chaque mot, exactement comme les méchantes sœurs des contes de fée ? Isis acquiesça.

- Êtes-vous majeure ?

Une fois de plus, elle se contenta de hocher la tête.

- Ce n’est pas la première fois ?

Isis fit non de la tête, toujours sans dire un mot.

- Vous savez donc que ma responsabilité aujourd’hui, maintenant que votre mère est tirée d’affaire est de savoir si je dois la placer dans un établissement psychiatrique… Avez-vous une idée de ce qui a motivé son geste ?

- Un chagrin d’amour répondit laconiquement Isis.

Elle savait par expérience qu’il fallait en dire le moins possible. Aux médecins comme aux flics. Elle soutint le regard du médecin qui hésitait.

- Qu’en pensez-vous mademoiselle ? Est-il souhaitable pour votre mère, et pour l’équilibre de votre cellule familiale qu’elle puisse être protégée d’elle-même pendant une semaine ou deux, le temps d’apaiser son chagrin ?

- Non.

Elle laissa le silence s’installer. Puis :

- Je suis sûre que ça va aller maintenant. Je vais m’occuper d’elle. Quand pourra-t-elle sortir ?

- Le problème… commença le médecin…

Elle l’interrogea du regard.

- C’est que le bébé n’a pas survécu.

Isis se plia légèrement comme sous l’effet d’un coup et porta les mains à son ventre de façon réflexe. Elle se sentait mal. Elle allait vomir.

- Vous n’étiez pas au courant ?

Elle secoua la tête, incapable de parler.

- Votre mère finissait sans doute son premier trimestre de grossesse. Elle le savait donc et avait l’intention de le garder. Elle ne vous en a pas parlé ?

Elle secoua de nouveau la tête. Elle fût prise de vertiges.

Elle entendit à peine le médecin lui dire qu’il réservait sa décision et qu’ils se reparleraient dans quelques jours. Enceinte… Sa mère était enceinte. De qui ? Pierrot ? Forcément Pierrot. Elle n’avait que lui en tête et en bouche. Quel enfoiré ! Quel sale type ! Il avait profité de la fragilité de sa mère ! Sous ses allures de militant culturel, derrière sa gueule d’ange et sa voix de basse, il y avait un immonde séducteur, un collectionneur ! Sa mère était toujours si naïve…

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